Le samedi 14 septembre dernier à 20h47, un nouveau tremblement de terre a touché les départements du Var, des Bouches-du-Rhône et des Alpes-Maritimes sans causer de dégâts. Les secousses ont été perçues à Nice, Toulon, ainsi qu’à Marseille. L’épicentre du séisme a été localisé en mer, à 90 km au large de Cannes et Fréjus, à une profondeur de 9 km (+/- 3-4 km), avec une magnitude de 3.8 (Mw)(1), selon le Laboratoire Géoazur.

Ce séisme s’inscrit dans un contexte géologique particulier. En effet, l’épicentre se trouve dans le bassin de la mer Ligure, le plus septentrional de la Méditerranée occidentale, atteignant 2000 m de profondeur. Ce bassin, formé il y a 30 millions d’années lors de la rotation du bloc Corso-Sarde vers l’Est, est l’une des zones les plus sismiquement actives de France. En 2022, 855 séismes de magnitude faible à modérée (inférieure à 3.7) y ont été enregistrés, d’après le catalogue Sismoazur (2). Pourtant, ce bassin a également connu des événements de plus grande ampleur, tels que les séismes de magnitude 6.6-6.9 (Mw) en 1887 et de 6.0 (Mw) en 1963, ainsi qu’un séisme de magnitude 4.9 (Mw) au large d’Ajaccio en 2011. Le séisme dévastateur de 1887, responsable de plus de 600 morts entre la Côte d’Azur et Gênes, a même engendré un tsunami de 2 mètres(2).

Les mécanismes au foyer calculés depuis 1963 dans cette zone révèlent une déformation principalement caractérisée par une compression orientée nord-sud à nord-ouest/sud-est. La majeure partie de l’activité sismique est concentrée dans le nord-est du bassin, entre Nice et Gênes, en lien probable avec l’activation du système de failles Ligure. En revanche, le taux de sismicité diminue nettement vers l’ouest, au large du Var, et vers le sud, dans la partie centrale du bassin et en direction de la Corse. Le séisme du 14 septembre 2024, quant à lui, s’est produit dans une zone historiquement très peu sismique, située au large de Fréjus.

Ces observations suggèrent que, bien que la faille Ligure joue un rôle important, d’autres failles situées dans le centre, le sud et la partie ouest du bassin sont également actives, confirmant la complexité tectonique de la région.

Notes

  • (1) Magnitude de moment (Mw). La magnitude locale (Ml) a été estimée à 4.4 selon le BCSF-Rénass et à 4.3 par le CEA-LDG. Cette magnitude locale (Ml) est utilisée pour l’alerte et mesurée à haute fréquence. Elle est plus sensible à la nature des roches traversées par les ondes. La magnitude de moment (Mw) est mesurée à plus basse fréquence. Elle est plus stable et c’est une valeur de référence pour l’estimation de la dimension de la rupture sur la faille.
  • (2) Taramelli, T. &Mercalli, G., 1888. Il terremoto ligure del 23 febbraio 1887, Annali dell’Ufficio Centrale Meteorologico e Geodinamico Italiano, II, 8(4), 331–626.

 

En savoir plus

 

Carte des mécanismes au foyer entre 2001 et septembre 2024 révisés par Géoazur/OCA (en bleu), ou automatiques pour les zones limitrophes (en rouge) publiés sur le site de Sismoazur, https://sismoazur.oca.eu/#/focal_mechanism/oca/.

Carte de sismicité et carte géologique en mer Ligure (sismicité d’après le catalogue LDG, 1996-2019 pour les magnitude ML ≥2), d’après Larroque et al., 2021). Les lignes rouges représentent le système de failles Ligure. Les mécanismes aux foyer : 1 (1995/04/21, Mw 4.5 ; Courboulex et al., 1998), 2 (1989/12/26, Mw 4.2 ; Béthoux et al., 1992), 3 (2001/02/25, Mw 4.6 ; Courboulex et al., 2007), 4 (1963/07/19, Mw 6.0 ; Bossolasco et al., 1972), 5 (2011/07/07, Mw 4.9 ; Larroque et al., 2016). © Larroque et al., 2021. https://doi.org/10.5802/crgeos.69