Un mystérieux signal sismique, observé à l’échelle mondiale et durant 9 jours en septembre 2023, a été causé par un énorme glissement de terrain au Groenland. 25 millions de m³ de roche et de glace se sont effondrés dans le fjord isolé de Dickson, provoquant un méga-tsunami de 200 mètres de haut qui a continué à osciller – un phénomène appelé seiche – dans le fjord étroit pendant 9 jours, provoquant un signal sismique global jamais observé auparavant. Telle est la conclusion d’une recherche publiée dans la revue Science aujourd’hui. 

Les stations du RLBP d’Epos-France, supplémentées par celles du réseau temporaire du projet ANR Maciv, constituant le réseau dense le plus proche du Groënland, ont permis la localisation précise de cet évènement. Les membres de la communauté Terre solide française ont, dès lors, commencé à étudier les signaux enregistrés pour comprendre leur origine. De Strasbourg, Grenoble, Paris, ils ont rejoint la mobilisation internationale de 68 scientifiques issus de 40 institutions dans 15 pays.

Les recherches conduites pendant presque un an pointent le changement climatique comme origine de cet évènement sans précédent. En effet, il a provoqué, au cours des dernières décennies, l’amincissement glaciaire à la base de la montagne qui s’élevait auparavant à 1,2 km au-dessus du fjord. Le 9 septembre 2023, le sommet de la montagne s’est effondré, déversant l’équivalent de 10 000 piscines olympiques de matériaux dans le fjord et générant un gigantesque tsunami.  Des modèles mathématiques détaillés ont pu démontrer que la direction du glissement de terrain, combinée à la forme particulièrement étroite et sinueuse du fjord expliquent que l’eau oscillait d’avant en arrière toutes les 90 secondes (période d’oscillation observée dans les ondes sismiques). Ce mouvement d’une grande masse d’eau a généré des vibrations à travers la Terre, secouant la planète et émettant des ondes sismiques observées à l’échelle mondiale.

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Ondes sismiques enregistrées par les stations françaises à partir du 16 septembre © Aurélien Mordret, Osug/ISTerre Grenoble.

Ondes sismiques enregistrées par les stations françaises à partir du 16 septembre © Aurélien Mordret, Osug/ISTerre Grenoble, projet MACIV et Epos-France. Voir la vidéo sur Youtube